Ma série photographique de dioramas consiste à créer des installations éphémères de faux décors naturels dans lesquels j’insère des animaux naturalisés, que je prends ensuite à la chambre photographique (datant de 1910). Je déplace ainsi cette pratique muséale du 19ème siècle de biotopes en carton-pâte qui avait d’abord une fonction scientifique dans l’espace du studio photo. Cette série soulève la question du simulacre, de l’artifice, du figé et du mort, à la fois en photographie et en taxidermie, faisant un lien entre ces deux pratiques. Cette reconstitution artificielle de scènes animalières « prises sur le vif » résonne de manière particulière aujourd’hui, où les espèces animales tendent à s’éteindre de plus en plus rapidement. Elle interroge ainsi notre rapport socio-politique actuel au vivant et à l’animal en particulier, dans notre monde bouleversé par le changement climatique. La nature, condamnée pour certains à disparaître, deviendra-t-elle en soi un objet muséal ? Au-delà de cette question décalée, elle est un hommage à une certaine anthropologie muséale. Si les dioramas muséaux ont une fonction de « conservatoire du vivant », mes dioramas pourraient aussi être considérés, comme un « conservatoire de la technique ancienne » : « Le fait main d’une partie de la photographie contemporaine est une manière de performer la photographie classique, de la rejouer en produisant ainsi un phénomène en apparence paradoxal : devenir le conservatoire de la photographie classique. » (Michel Poivert).