Hélène Singer

Performances / arts sonores

Dans une démarche de plasticienne sonore, l’artiste procède à une série de manipulations, d’enregistrements en amont, d’interaction vocale avec l’image projetée, d’activation d’objets par/dans l’action performative, mettant le corps au centre d’un procédé de mise écho de références littéraires, historiques et musicales.

Travaillant les codes visuels et musicaux de différents types de « communautés musicales » (chant lyrique, punk, électro…) elle engage une réflexion libre sur les questions socio-politiques, notamment en lien avec les soulèvements ou révoltes populaires. Elle collabore pour ses « performances concerts » avec des musiciens acousmaticiens et électro.

Texte de Gérard Pelé (Professeur d’esthétique, écrivain), Performance versus Action (à propos de la pratique de la performance d’Hélène Singer) : à télécharger

Extraits :

« Hélène Singer est une artiste qui pratique, entre autres, la photographie et les arts sonores, notamment l’expression vocale, et qui identifie une partie de son activité artistique en tant que « performances ». (…) En France, Gina Pane ou Michel Journiac, parmi d’autres artistes, ont choisi le terme « action » afin de spécifier l’implication du corps d’une part, et l’indépendance de cette pratique par rapport aux structures de production de spectacles d’autre part… En somme, pour souligner l’idée que l’art n’est pas de la production et n’a, en particulier, pas à être productif ni reproductible – i. e. est sans modèle.

Dans le cas d’Hélène Singer il est permis d’hésiter car, si la scénographie est particulièrement soignée, et minutieuse, cette activité ne s’inscrit en effet dans aucun circuit de l’industrie du divertissement. Son implication corporelle très personnelle et la présence de la voix, lyrique ou simplement sonore évoquant parfois la poésie éponyme de Raoul Hausmann, d’origine viennoise soit dit en passant, invite à ne pas trancher. On peut considérer qu’elle a conçu un genre qui lui est propre en empruntant à plusieurs courants artistiques dont même Fluxus n’est pas absent (…)

Par exemple, Queen Mary is dead oppose à l’ordre monarchique incarné par le chant de l’opéra Didon et Enée de Purcell l’anarchie de la musique bruitiste et de la musique punk ; avec Pour les corbeaux on retrouve le même schéma avec, de nouveau le « chant lyrique » d’un negro-spiritual, la violence d’Antonin Artaud et les sonorités punk, de même que dans Here we are, le chant baroque et « royal » de Lully confronté à la sédition de Diogène reprise dans une chanson rock à tendance factieuse. »